Dans l’église de Sainte Marie de Ronzano est gardée une croix-reliquaire en bois, dite staurothèque, revêtue d’une feuille d’or décorée de filigrane et gemmes, qui date d’une époque comprise entre le XIIe et les XIVe-XVe siècles. Les différentes parties qui la composent (de la croix en bois à double traverse à la fine décoration qui la recouvre) ont été réalisées dans des phases suivantes, comme la solide vitrine dans laquelle encore aujourd’hui la croix est allouée.

D’après la tradition locale, le reliquaire en forme de croix contient un fragment de la Vraie-Croix et fut trouvé par un paysan qui était en train de labourer avec ses bœufs les terrains autour de l’église, découverte qui impulsa par conséquent la vénération de la Croix Sainte auprès de l’abbaye : une légende de fondation répondant à un modèle répandu qui voit dans les bovins les protagonistes omniprésents de la médiation avec l’extrahumain dans un large contexte chrétien-catholique méditerranéen et européen. La miraculeuse intercession animale, qui est à l’origine du culte et de la présence in loco du fragment en bois identifié en tant que morceau de la Croix de Jésus sur le Golgotha, s’unit à un élément légendaire ultérieur, raconté oralement par les personnes âgées, attribuant à Sainte Hélène Impératrice une visite auprès de l’abbaye de Sainte Marie de Ronzano et la donation personnelle de la relique, qu’a été ensuite dispersée et retrouvée dans les campagnes par les bœufs agenouillés. La sainte, mère de Constantin, précocement convertie au Christianisme et protagoniste de la découverte de la Vraie-Croix à Jérusalem entre 326 et 328, en rapporta un morceau en Occident, selon ce qu’est attesté dans les sources documentaires, en produisant par la suite une conséquente dispersion des fragments en plusieurs lieux chrétiens.

À Ronzano, l’ancien culte est pratiqué spécialement lors du jour de l’Assomption, quand la Croix Sainte est utilisée pour la bénédiction des enfants en fonction protectrice pendant la messe du 15 août. Dans le passé l’ostension de la relique, accompagnée par le signe de croix et par le baiser de la staurothèque, était destinée à consacrer et protéger tous les enfants nés durant l’année; aujourd’hui elle est étendue aux enfants de différents âges. L’emploi rituel de la croix trouve en outre sa raison dans la facture du reliquaire enrichi par des formules apotropaïques, qui ont un caractère magique, posées sur la cornaline rouge enchâssée dans le revêtement.

Aux bovins est davantage consacrée la foire millénaire qui se déroule dans l’esplanade en face de l’abbaye, qui dans le passé représentait un véritable point de référence social et commercial pour toute la vallée liée aux propriétés bénédictines.